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A nos fenêtres !

par Gabrielle Thierry, 15 mars 2020

Nous voilà confinés dans nos intérieurs, qu’ils soit petits ou grands, nous y voila pour quelques semaines. Une parenthèse dramatique qu’il faut traverser.

Vue d’une fenêtre (Île de la Mer du Nord), P. Klee ,1923

Ma perception de ce monde est chamboulée, l’intime joue avec l’universalité de nos confinements, de nos peurs, de nos combats.

Nos regards passent par la fenêtre, et nous rêvons à nos libertés retrouvées. Cette fenêtre ouverte sur le monde extérieur devient aujourd’hui très précieuse. Nous la regardons différemment. Nous y projetons nos attentes, nos espoirs.

Elle devient un lieu d’expression : nous y chantons, applaudissons les exploits de ceux qui sont au front, nous communiquons, nous partageons des moments musicaux et artistiques, nous célébrons la vie.

Portrait de Bartolomeo Bonghi, G.B. Moroni, Circa 1553, Coll. The MET

En peinture, la fenêtre est omniprésente, constitutive du tableau. Les portraitistes de la Renaissance y laissaient entrevoir les premiers paysages. Ils utilisent cette source de lumière dans les jeux d’ombres et de lumière, les contre-jours et clairs-obscures. Sous le pinceau, la fenêtre est devenue objet de contemplation romantique ou métaphysique, surréaliste.

En tant que peintre, mille fois, j’y ai vu des propositions émouvantes : l’encadrement propose une composition idéale. L’espace s’y agence au dessus des immeubles de l’autre côté de la rue, ou par juxtaposition de plans, proposant une perspective resserrée ou aérée. Avec un peu de chance, la fenêtre offre au regard les jardins, les champs, les forêts, des paysages aux humeurs changeantes.

Vue de l’Atelier, rue Lecuirot, Paris, G.Thierry, 1998

Je vous invite à découvrir quelques uns de mes tableaux pris d’une fenêtre: la Vue de mon atelier à Paris, L’Amandier en fleurs sur les concertos de J.S.Bach depuis le 1er étage de la maison, et une fenêtre qui donnait sur le jardin du voisin, ce petit garçon y venait déguster une glace. C’était l’été.

Et puis, il y a les toits, et la nuit. Ces nocturnes silencieuses à vivre, ses harmonies sombres rythmées par les lumières éparses.

Il y a aussi la fenêtre de notre voisin, celle qui nous invite à voir la vie des autres, hier insoupçonnable.

Par la Fenêtre, un été à l’ïle d’Yeu, G.Thierry, 1997

Et vous, dessineriez-vous la vue de votre fenêtre ? Ne serait-ce pas une belle idée de la partager ? Nous y devinerions un toute petite partie de notre nouveau monde, à nous de la révéler et de la communiquer.

Je vous propose de vous lancer dans cette expérience commune, et de présenter vos dessins ou peintures sur Instagram :

@dessinetafenetre
@sketchyourwindow

L’Amandier sur les concerto de J.-S.Bach, G.Thierry 2009
Harmonie – Nocturne 4
G.Thierry, 2019